Du deuil d’Ariadna à celui de Gélonis : étude de la tradition poétique latine et française du deuil de la bien-aimée au tournant du XVe et XVIe siècles en Italie et en France

Cette étude est consacrée à l’analyse de la veine poétique du deuil de la bien-aimée au tournant du XVe et XVIe siècles en Italie et en France. En particulier, nous nous intéressons à son évolution au sein d’un milieu littéraire précis, celui constitué autour de la figure de Jean Salmon Macrin (1490-1557), dont le grand modèle est Giovanni Pontano (1429-1503). Autour de 1505, le poète italien consacre plusieurs pièces à la mort de sa femme, Adriana Sassone, chantée sous le nom d’Ariadna en poésie. En 1538, Etienne Dolet, un des disciples de Jean Salmon Macrin, fait publier dans ses Carmina un cycle pour la mort de son amante Hélène. En 1550, Jean Salmon Macrin édifie un tombeau poétique à la gloire de la défunte Gélonis, persona poétique de son épouse Guillonne Boursault. Louis Des Masures, qui s’est lié d’amitié avec Macrin depuis son séjour à Fontainebleau, compose différentes pièces pour la mort de sa femme Diane Baudoire, pièces qu’il insère dans ses Carmina et ses Œuvres poétiques de 1557. Joachim Du Bellay, un des participants au tombeau littéraire de Macrin et qui avait par ailleurs consacré un sonnet à Macrin et à Gélonis dans ses Inventions (1552), insère un cycle sur le deuil conjugal dans ses Tumuli de 1558. En abordant tour à tour le thème du deuil de la bien-aimée dans ces œuvres, nous nous intéressons à l’inscription de ces auteurs dans une tradition, en plaçant au cœur de notre analyse le mécanisme d’imitatio-aemulatio. Nous montrons également que l’imitation n’empêche pas l’innovation. Nous mettons en lumière les reprises et les modes d’appropriation de certaines sources et de certains mythes, ainsi que la création de motifs originaux par les auteurs que nous étudions. La présence de textes français au sein de notre corpus nous semblait essentielle étant donné la perméabilité entre la latin et les langues vernaculaires à cette époque. Nous accompagnons les textes néo-latins d’une traduction personnelle, que nous avons réalisée selon une démarche philologique.