Maskens, Amaël
[UCL]
Hunyadi, Mark
[UCL]
Au sein de sociétés de contrôle qui multiplient les dispositifs de pouvoir investissant la liberté des sujets et individualisant les responsabilités, comment les pratiques d’intervention éthique peuvent-elles trouver un rôle qui ne soit pas celui de la simple légitimation des systèmes en place ? Comment peuvent-elles transformer les situations dans lesquelles elles s’intègrent en espaces où s’exerce collectivement un jugement critique et où se forme une puissance d’action commune ? Notre hypothèse de départ est que le défi de l’éthique contemporaine est d’arriver à penser les conditions organisationnelles permettant aux acteurs du monde social eux-mêmes de pratiquer une herméneutique de soi tout en tentant de résoudre leurs problèmes concrets. Pour déterminer ces conditions, nous examinerons en détails les propositions de l’expérimentalisme démocratique. Cet examen nous amènera à approfondir notre compréhension de l’opération réflexive que devrait favoriser les interventions éthiques, car cette opération s’avère également nécessaire aux mécanismes expérimentalistes. Nous montrerons ainsi toute la pertinence de notre proposition pour les théories contemporaines de la démocratie. La thèse que nous défendrons, en suivant l’ « approche génétique de la gouvernance », est que l’intervention éthique se doit de rendre possible une double opération au sein des groupes qu’elle intègre : a) une opération de reconstruction collective des identités d’action, qui porte attention aux blocages relationnels passés ; et b) une opération de repositionnement stratégique à l’aune de l’image identitaire préalablement réfléchie. Seule une telle opération est capable d’assurer le bon déroulement de méthodes expérimentalistes (mais aussi délibératives et participatives) productrices d’innovation sociale, en évitant la répétition des blocages et en permettant de réels apprentissages à la fois collectifs et individuels, tant à l’échelle locale qu’à l’échelle nationale. Nous verrons enfin un cas illustrant une telle méthode d’intervention éthique. [english] Within our societies of control based on mechanisms of power investing subject’s freedom and individualizing responsibilities, how the practices of ethical intervention could find their place without only being a legitimizing force for current systems? How could they transform the contexts within which they inscribe themselves into spaces that allow both the collective exercise of a critical judgment and the formation of a shared power to act? Our starting hypothesis is that the main challenge for current ethical practices is to think the organisational conditions allowing the social actors themselves to engage in a hermeneutic of the self while trying to cope with their concrete problems. To find out what those conditions may be, we will carefully examine the propositions of the democratic experimentalism current. This examination will lead us to deepen our understanding of the reflexive operation that the ethical intervention should promote, because this operation turns out to be equally necessary for experimentalist mechanisms. This way, we will show the relevancy of our suggestion for contemporary theories of democracy. The thesis we will defend, following the “genetic approach to governance”, is that the ethical intervention must enable a twofold operation within the groups it is involved in: a) a collective reconstruction of the identities shaping the group, focusing on past relational blockages; and b) a strategic repositioning in light of the identity image reflected beforehand. Only such an operation is able to ensure the success of experimentalist (but also deliberative and participatory) methods, fostering social innovation by avoiding the repetition of past stalemates and allowing real learning processes, whether individually or collectively, at the local or national level. We will eventually see a case study illustrating such an ethical intervention method.


Bibliographic reference |
Maskens, Amaël. L'éthique à la recherche d'elle-même : pour une approche génétique de l'intervention éthique. Faculté de philosophie, arts et lettres, Université catholique de Louvain, 2019. Prom. : Hunyadi, Mark. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:21455 |