Dewaele, Nicolas
[UCL]
Ferreras, Isabelle
[UCL]
Taskin, Laurent
[UCL]
Partie 1 Depuis le début de la financiarisation dans les années 1980, nous vivons aujourd’hui dans un monde ou la majorité des transactions boursières sont conduites par des algorithmes. Cette financiarisation de l’entreprise a des conséquences sur le management et sur le travail qui en découle. Le management, est soumis aux attentes à court terme des marchés et doit répondre aux attentes de résultats rapides des actionnaires. Cette vision à court terme, a exacerbé la recherche d’efficacité, de réduction de coûts et la diminution de risque, ne se focalisant que sur le résultat immédiat au détriment d’un management sur le long terme nécessitant plus d’investissement en moyens et en temps, 2 éléments sanctionnés par les marchés. Cette dictature des marchés a donné naissance à un management financiarisé, au détriment d’un management humain considérant le travailleur comme une ressource humaine et en délaissant la dimension humaine du travail. Pas de place pour l’expression d’un travail créateur de richesse sociale, écologique et humaine. La richesse, aujourd’hui, est résumée en une lecture abstraite d’indicateurs, en cotation boursière, en publication de rapport d’activité, de CA, .... L’arrivée de la digitalisation n’a fait qu’accentuer ce phénomène de financiarisation du travail. Cette « gestion par les nombres », et ce « dumping » continuel sur les coûts de production entrainent une « spirale infernale productivité-licenciement-délocalisation » (D.A., D.F., P50) qui détruit le lien social en mettant les travailleurs en compétition entre eux, et détruit le sens du travail réduisant les individus à une situation d’emploi ou de non-emploi. Le travail étant réduit à un travail « biologique » pour assurer sa reproduction à travers le salaire perçu, et ce qu’elle que soit la nature de celui-ci car répondant à des attentes hétéronome dont il ne maitrise ni les causes ni les finalités. Dans cette spirale néolibérale, les travailleurs sont préoccupés par le fait de ne pas se retrouver au chômage, le travail-valeur étant la norme au-delà du sens même à leur activité. Dans cette « société d’employé » (Hanna Ardent), caractérisée par cette une financiarisation qui exige toujours plus de flexibilité et qui crée toujours plus de précarité. La mise en compétition des individus entre eux sur un marché du travail « impitoyable » est responsable d’une individualisation croissante, soutenue par l’évaluation constante à laquelle doivent se prêter les travailleurs, en entreprise. Cette situation inquiète bien des observateurs issus de différentes disciplines, pour lesquels il faudrait « réinventer l’entreprise à partir du travail » et « réinventer la politique à partir de l’entreprise » au profit d’une économie de création collective, « au service d’objets sociaux et environnementaux d’intérêt général ». (O.F., P72) Partie 2 Le travail répondant à plusieurs finalités il convient aux travailleurs eux-mêmes d’en définir le sens. Cependant, l’organisation du travail régie par la logique actionnariale ne permet pas toujours aux travailleurs de donner un sens à leur travail. Dans le capitalisme la seule finalité devient la création d’argent ou l’accroissement du capital. Dans cette spirale néolibérale le rapport capital/travail, actionnaire/travailleur est un rapport inégal alimentée par une idéologie instrumentale du travail qui considére le travailleur comme simple ressource niant toute la subjectivité de celui-ci et l’importance du besoin d’individuation des travailleurs. Le capitaliste, prétend que les travailleurs n’attendent de leur travail que le versement compensatoire d’un salaire, sans lui attribuer d’autre rôle dans le développement personnel des individus. Dès lors, l’organisation « oppressive » du travail qui en découle, ne laisse souvent pas d’alternative aux travailleurs que celle d’accepter d’effectuer une activité dénuée de sens si ce n’est celui de répondre aux nécessités économiques consistant à devoir être capable de subvenir à leurs besoins et à celui de leur famille. Face à cette situation, et pour pouvoir redonner du sens à son travail, le travailleur doit pouvoir être entendu. Les aspirations dignes d’une société démocratique doivent s’étendre au sein même de l’entreprise. La demande d’un débat démocratique au travail où le travailleur aurait, au même titre que les actionnaires et patrons, le droit égal de prendre part à la prise de décision concernant l’organisation de son activité et la finalité même de celle-ci, ressort d’études menées par certains chercheurs soucieux d’élargir le champ des valeurs démocratiques de nos sociétés. Ce rapport égalitaire entre actionnaire et travailleur permettrait au travailleur, aujourd’hui limité à fournir un travail, de devenir acteur à part entière de celui-ci. Dès lors, la démocratie au travail redonnerait un sens au travail, car elle permettrait directement au travailleur d’en déterminer lui-même ce dernier. Cette reconnaissance de citoyen au travailleur dans l’organisation de sa production permettra de créer les conditions nécessaires pour un travail épanouissant, un travail humain.


Bibliographic reference |
Dewaele, Nicolas. Financiarisation de l’entreprise, démocratie et sens du travail.. Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de communication, Université catholique de Louvain, 2019. Prom. : Ferreras, Isabelle ; Taskin, Laurent. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:21203 |