Kenda, Emery
[UCL]
Bourgine, Benoît
[UCL]
(fre)
Après le déclin de la modernité qui a placé toute son espérance dans l’utopie du progrès et de la science, l’Occident européen fait face à la postmodernité qui est essentiellement caractérisée par les différenciations entre secteurs culturels et les divisions inhérentes. Cette nouvelle situation engendre plusieurs défis dont, entre autres, la question de l’identité de l’être humain et celle de l’unité dans une société plurielle et globalisée. L’incertitude face à l’avenir fait surface alors que la difficile question du vivre-ensemble et l’énigme du lien social se complexifient. Dans ce contexte, la tradition quelle qu’elle soit n’a qu’une valeur mitigée. La parole de foi héritée des apôtres, devient de plus en plus inaudible. Les conditions d’une intelligibilité de la foi en Jésus, vrai Dieu et vrai homme sont sensiblement modifié. Quel Christ alors annoncer dans l’Europe postmoderne ? Et comment l’annoncer ? Une rencontre vraie avec la postmodernité s’impose comme condition de possibilité d’un christianisme porteur de sens pour l’émergence d’une foi se rénovant. Avec C. Theobald nous avons tenté de saisir la portée de ces questions et proposé certaines pistes possibles pour un renouvellement réussi de la parole de foi dans ce cadre inédit que la postmodernité impose. En relisant l’événement fondateur du christianisme, le théologien jésuite français découvre la « sainteté hospitalière » par laquelle se dévoile l’identité unique du Nazaréen et détermine son style. Les rencontres de ce dernier avec le tout-venant à qui il ouvre sa porte sans condition préalable, montre qu’il est le Messie attendu. Son identification avec le petit et l’oublié indique son souci de redonner dignité et identité à tout être humain en qui Dieu se cache. Ainsi annonce-t-il la proximité du Règne de Dieu et fait de relation avec le tout-venant le nouveau lieu de la révélation. En s’enracinant davantage dans son événement fondateur, le christianisme devient un style et même « le style des styles ». De cette façon la postmodernité est considérée comme un partenaire avec qui un échange réciproque et enrichissant est possible. La postmodernité aide le christianisme à se repenser à nouveaux frais tandis que le christianisme revitalise de l’intérieur celle-ci et lui apporte des contributions nécessaires pour relever les multiples défis des civilisations plurielles et globalisées. Voilà pourquoi la christologie est appelée, selon C. Theobald, à se frayer un chemin entre l’Eglise et la postmodernité, de quitter les sentiers battus ou de ne plus répéter tout simplement les formules héritées du passé puisqu’elles ne parlent plus aux européens postmodernes. Le christianisme est obligé de ce fait de considérer, d’une part les préoccupations de l’européen postmoderne et d’autre part de rendre compte de la parole de foi qu’il enseigne. Autrement il court le risque d’être dépassé et de ne plus être entendu. Ce qui suppose qu’il doit faire son deuil et accueillir la postmodernité comme une chance malgré tous les risques que cela comporte car son avenir en dépend.


Bibliographic reference |
Kenda, Emery. Repenser la christologie avec Christoph Théobald selon "Le Christianisme comme style". Faculté de théologie et d’étude des religions, Université catholique de Louvain, 2019. Prom. : Bourgine, Benoît. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:21151 |