Enquête multicentrique sur l'acceptabilité du dépistage néonatal de la drépanocytose à Kinshasa en République Démocratique du Congo.

Contexte En République Démocratique du Congo (RDC), chaque année, naissent environ 40 000 enfants atteints de drépanocytose. En effet, 50 à 90% de ces enfants meurent avant l’âge de 5 ans. Il a été démontré que le dépistage néonatal de la drépanocytose (DND) réduisait sensiblement la mortalité infantile spécifique liée à la drépanocytose. Il n’existe aucun programme de dépistage systématique de la drépanocytose en RDC. Les rares dépistages néonataux systématiques de la drépanocytose, réalisés lors de certaines études sur la drépanocytose chez le nouveau-né, ont fait face un problème d’acceptabilité auprès de certaines communautés. Objectif Déterminer le niveau de l’acceptabilité du DND et les facteurs l’influençant chez les femmes enceintes, les accouchées et celles amenant leur enfant à la consultation préscolaire dans la ville de Kinshasa en RDC. Matériel et Méthodes Les données sur les caractéristiques socio-démographiques, la connaissance de la drépanocytose, les attitudes à l’égard des politiques de dépistage de la drépanocytose et les tendances face à une IVG d’un fœtus dépisté drépanocytaire ont été récoltées à l’aide d’un questionnaire semi-structuré prétesté. Ces données ont été recueillies de janvier à février 2019, auprès de 820 mères dans 4 structures hospitalières. Des analyses descriptives et une régression logistique ont été réalisées sur Stata IC-15. Résultats Le taux d’acceptabilité du DND était de 90,2% (740/840). Le dépistage prénuptial était la politique de dépistage majoritaire auprès de 774 mères (94,4%). Cependant 166 (14,1%) femmes étaient favorables à une interruption volontaire de la grossesse chez un fœtus dépisté drépanocytaire. Le niveau d’acceptabilité du DND était statistiquement plus élevé chez les mères recrutées au CPS (OR ajusté=2,54 [1,36-4,74] ; p=0,003), chez celles avec business personnel (OR ajusté=2,67 [1,15-6,22] ; p=0,023), chez les pentecôtistes (OR ajusté=3,01 [1,40-6,48] ; p=0,005) et chez celles qui parlaient le Kikongo (OR ajusté=2,71 [1,46-5,04] ; p=0,002). Conclusion Les résultats de cette étude, montrant un niveau d’acceptabilité élevé du DND ainsi les facteurs associés dans notre population, sont importants à prendre en compte pour la conception des programmes de dépistage, d’information, d’éducation et de communication en matière de lutte contre la drépanocytose.