La politique étrangère du Brésil menée depuis Lula à l'égard de la Chine

La Chine et le Brésil entretiennent une relation aux niveaux politico-diplomatique, économique et scientifique depuis plusieurs décennies. Cependant, ce n’est qu’à partir des années 2000 que celle-ci va se renforcer. Alors que Lula devient président en 2002, celui-ci à de grandes ambitions pour son pays. Il veut faire croître l’économie du Brésil et rêve de le voir devenir un grand acteur international. Tout comme le Brésil, la Chine réalise qu’elle bénéficierait du développement de leurs échanges. Effectivement, d’un côté, la Chine reçoit du Brésil les matières premières et les produits agro-alimentaires dont elle a besoin pour faire tourner son économie. De l’autre, en plus de la quantité considérable d’exportations vers la Chine, cette dernière investit massivement au Brésil à partir de 2008. En outre, la Chine apporte au Brésil une modernité qui permet à la puissance latino-américaine de se faire une place au niveau international. Bien qu’elle n’ait pas la même ferveur que Lula en ce qui concerne la politique extérieure, Dilma dirigera le Brésil durant six ans en suivant les traces de son prédécesseur. Ayant toutes deux le statut de puissance émergente, la Chine et le Brésil se retrouvent dans des forums internationaux tels que les BRICS et BASIC, et en profitent pour approfondir leur relation bilatérale. Au niveau scientifique, les deux Etats ont travaillé sur de nombreux projets (tels que le programme China Brazil Earth Resource Satellite qui a permis de lancer plusieurs satellites) à travers une coopération Sud-Sud. Cependant, en ce qui concerne les aspects politico-diplomatique et commercial, il semble plus adéquat de parler de realpolitik. En effet, la relation sino-brésilienne est plus basée sur les intérêts des deux puissances (et particulièrement ceux de la Chine) que sur une réelle coopération entre les deux pays. Ce déséquilibre en faveur de la Chine crée une situation d’interdépendance asymétrique. Ce phénomène met en lumière la faiblesse politique interne du Brésil. En 2016, le nouveau président Temer décide de freiner les relations politiques avec la Chine et de se rapprocher des Etats-Unis. Actuellement, sous la présidence de Bolsonaro, bien que la relation commerciale sino-brésilienne persiste, l’avenir est incertain. Rongé par la corruption et encore fragilisé par la crise économique qu’il a traversé il y a quelques années, le Brésil est plus que jamais dans le flou.