Nguetsop Tikun, Alain Martial
[UCL]
Bourgine, Benoît
[UCL]
(fre)
Quand on est conscient de la place accordée aux pauvres par Jésus dans les évangiles, lorsqu’on est habité par le souci constant qu’a l’Église de porter à tous un message de la Révélation qui fasse sens, quand, enfin, on est conscient qu’avec le concile Vatican II, de nouvelles voies se sont ouvertes pour la recherche théologique, il est difficile de rester indifférent face à la méfiance et aux résistances dont a été l'objet la théologie de la libération quand on sait, par ailleurs, qu’au cœur de sa démarche réflexive, se trouve ce qu’elle appelle l’option préférentielle pour les pauvres. De là, naît pour celui qui veut davantage cerner les contours ce contraste, le désir d’approfondir sa compréhension de cette approche théologique. C’est bercée par une telle ambiance que cette étude focalise son attention sur la christologie de Jon Sobrino (un des pionniers de cette approche théologique) telle que présentée dans "Jésus-Christ Libérateur" et "La foi en Jésus-Christ". En cela, elle se pose la question de sa pertinence au regard de la notification dont ces ouvrages ont été l’objet de la part la Congrégation pour la doctrine de la foi et par rapport du privilège herméneutique qu’elle accorde à la notion de "victime". Portée par trois chapitres respectivement centrés sur la teneur christologique des deux ouvrages susmentionnés, la pertinence des critiques soulignées par la notification de la congrégation romaine et la question des victimes comme option herméneutique, cette étude nous a permis de mettre en relief les données suivantes. Du point de vue de la substance christologique, nous avons constaté qu’elle s’articule autour de deux grands moments. Le premier, centré sur le destin de Jésus de Nazareth (sa mission, sa foi), insiste sur trois éléments fondamentaux : sa défense du royaume en présence de l’anti-royaume, sa relation particulière avec l’ultime, Dieu-Père qu’il défend contre toute forme d’idolâtrie et enfin la centralité de la croix dans sa vie en tant qu’elle donne un sens définitif à sa praxis et sa filiation. Le second moment focalise l’attention sur la foi en Jésus-Christ selon la perspective des victimes et insiste sur trois choses essentielles : d’abord la résurrection de Jésus qui, en tant qu’irruption de l’eschatologie dans l’histoire et signe d’espérance pour les victimes ; ensuite les titres christologiques du NT qui exigent pour être compris non seulement un retour à Jésus tel que présenté par les évangiles mais aussi une prise en compte sérieuse de l’expérience historique ; et enfin, la christologie conciliaire dont les formulations christologiques doivent, pour être bien appréhendées, être considérées comme des formules holistiques. Concernant les griefs de la notification de la congrégation romaine, nous nous sommes progressivement rendus à l’évidence qu’il s’agit bien plus d’une divergence d’approche du mystère christique que de réels problèmes d’orthodoxie : J. Sobrino est résolument un promoteur de la christologie d’en bas alors que la CDF semble davantage promouvoir une christologie d’en haut. Du point de vue de l’herméneutique à partir des victimes, nous avons souligné la radicalité que cette approche introduit dans la condition existentielle des pauvres ainsi que les risques de confusion que comporte une telle démarche herméneutique ; enfin, nous en avons appelé à une articulation harmonieuse de cette christologie avec la christologie de la proexistence afin de dépasser le dualisme bourreau-victime que cette démarche christologique suppose.
Bibliographic reference |
Nguetsop Tikun, Alain Martial. Jésus-Christ et les victimes : retour sur la christologie de Jon Sobrino. Faculté de théologie et d’étude des religions, Université catholique de Louvain, 2019. Prom. : Bourgine, Benoît. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:18398 |