Perception d’illégitimité et de légitimité de la situation de chômage des personnes sans emploi : l’impact sur les émotions négatives, l’identification au groupe, les actions collectives et l’estime de soi

Dans la société actuelle, le travail joue un rôle primordial dans la vie des individus : il permet généralement d’accéder à une certaine qualité de vie, de développer une identité sociale positive et un bien-être psychologique (Desmette, D., 2004 ; Clark, A. E., 2003). À contrario, le chômage a des effets délétères sur ces dimensions : les personnes sans emploi sont démunies face à la perte ou la privation d’un emploi, leur identité sociale devenant négative et leur estime de soi plus faible que celle des travailleurs (Crocker & Major 1989). La question des stratégies de défense de soi et de son groupe constitue donc un enjeu important pour cette population, stratégies pouvant permettre de modifier le statut relatif des groupes en présence et améliorer l’estime de soi des individus (Tajfel, 1975). Plus précisément, l’objectif de ce mémoire est d’investiguer l’influence de la perception d’illégitimité-légitimité de la situation de chômage (vue comme stratégie de défense) des personnes sans emploi sur les émotions négatives et l’identification au groupe des chômeurs pour induire des actions collectives et améliorer l’estime de soi (Van Zomeren et al., 2008). En effet, nous supposons que comparés aux membres d’un groupe de bas statut qui trouvent leur statut inférieur normal (perception de légitimité), leurs équivants qui font face à une injustice (perception d’illégitimité), vont ressentir davantage de colère et s’identifier davantage à leur groupe, ce qui leur permettra d’entreprendre des actions collectives afin d’améliorer leur situation. Dans ce modèle, nous avons donc proposé comme variables médiatrices les émotions négatives et l’identification au groupe entre la perception d’illégitimité-légitimité d’une part et les actions collectives et l’estime de soi d’autre part. Pour tester ce modèle, nous avons manipulé la perception de légitimité/ illégitimité et proposé un questionnaire qui a été complété par 215 personnes sans emploi. L’analyse réalisée sur les données récoltées n’a pu mettre en avant l’impact de la manipulation d’illégitimité-légitimité sur l’identification au groupe, les actions collectives ou encore l’estime de soi. Néanmoins, elle a démontré l’importance des émotions négatives affectées par la manipulation et l’identification au groupe entraîne bien à des actions collectives.