Le développement durable : De la richesse du concept à la pauvreté de sa mise en œuvre

Le développement durable est une notion dont nous entendons parler depuis maintenant une trentaine d’années. Ce concept semble, au fur et à mesure de son évolution, pouvoir prendre plusieurs significations. De nombreux discours ou actions, paraissant parfois très antagoniques, lui sont associés. La question principale est alors de savoir ce qu’est le développement durable. Est-ce une simple adaptation du paradigme du développement tel qu’il a été compris depuis la moitié du 20ème Siècle en Occident, ou alors est-ce un oxymore, irréalisable par sa définition même ? La notion est tellement floue qu’elle subit un nombre d’interprétations tel qu’elle n’en est plus compréhensible. Mais aussi, est-ce un but ? une transition ? un mode opératoire ? Nous proposons ici d’en analyser la définition généralement admise comme étant la première officielle, celle présente dans le rapport de l’ONU paru en 1987 et connu sous le nom de « Rapport Brundtland ». Nous nous intéresserons principalement au contexte géopolitique mondial dans lequel ce rapport a été construit pour tenter de comprendre par quelles idéologies dominantes est sous-tendu le concept de développement durable, mais aussi comment est envisagée sa mise en œuvre. Par un premier tableau, nous tenterons de montrer la richesse et la diversité des points de vue pouvant exister autour de cette notion de développement durable. Nous analyserons non seulement les différentes approches philosophiques sous-jacentes à celle-ci, mais aussi les modalités d’opérationnalisation envisagées pour y parvenir, en nous reposant sur quelques dualismes repérés dans la littérature. Les ouvrages que nous avons utilisés pour notre étude ont été choisis afin de mobiliser différentes disciplines, dans le but de constituer un matériau nous permettant une lecture transversale de la problématique. Nous retrouverons donc dans la bibliographie des ouvrages de philosophie, d’économie, de géographie, de sociologie et d’anthropologie. Les auteurs convoqués sont principalement européens et américains, une lecture différente serait plus que probablement possible en analysant les textes d’auteurs asiatiques, sud-américains ou africains. Une dernière particularité tient du fait que nous nous sommes principalement concentrés sur la dimension environnementale du développement durable pour la réalisation de ce travail. Une étude plus approfondie pourrait dès lors être réalisée par l’intégration minutieuse des autres dimensions généralement attribuées au développement durable (économique, sociale, diversité culturelle et gouvernance). Dans un second tableau nous montrerons alors l’évolution du concept de développement durable au travers des différentes conférences internationales ayant pris court durant la période allant de son émergence en 1987, à 2012, dernier Sommet de la Terre en date (Rio+20). Nous essayerons de comprendre les orientations prises par ces grands rendez-vous du développement durable afin de rendre compte au mieux de ce qu’il représente à cette échelle, mais aussi de donner un aperçu des mécanismes mis en place pour le rendre opérationnel. Nous terminerons par une discussion sur les limites de notre approche méthodologique, mais aussi sur les perspectives qu’elle autorise à penser.