Réflexions sur le statut culturel et social du bijou Art Nouveau en Belgique et en France entre 1890 et 1910

Maud Leemans, Réflexions sur le statut culturel et social du bijou Art Nouveau en Belgique et en France entre 1890 et 1910, année académique 2017-2018, session d’août. Promotrice : Caroline Heering. Le bijou Art Nouveau, en France et en Belgique, naît à la fin du XIXe siècle et se développe intensément vers 1900. Malgré sa brève existence, celui-ci marque profondément l’art de son temps à Paris et à Bruxelles. Il cristallise les grandes idées et les lignes de force qui sous- tendent l’Art Nouveau. À cette époque, le domaine de la bijouterie est en état de stagnation, les artistes s’en emparent et lui insufflent un vent de changement. Objet à la fois précieux et intime, le bijou devient un mode d’expression privilégié du mouvement. Cloisonné en réminiscences historicistes tout au long du XIXe, il est totalement repensé. Le bijou devient le sujet d’une intense réflexion de la part de ses créateurs qui expriment désormais librement leur créativité et leur sensibilité particulière. Le bijou, par sa petite taille, intègre rapidement les innovations de son temps. Des diamants et aux pierres précieuses, la préférence porte désormais sur des matériaux qui serviront le dessin des créateurs. Pour la première fois, les matériaux et les pierres qui composent le bijou sont sélectionnés pour leur beauté intrinsèque (couleur, reflets, texture) et non par rapport à leur valeur marchande. La corne et l’ivoire font leur apparition dans le bijou. Les créateurs innovent en créant des alliances de matière inédites. Ils révolutionnent également le bijou par une iconographie nouvelle. La représentation de figures féminines, bien que controversée, sera mise en avant dans le bijou Art Nouveau. Cependant, le bijou Art Nouveau s’éteint de ses propres contradictions. Alors qu’il souhaitait toucher un large spectre de la population, il reste l’apanage d’une certaine bourgeoisie d’affaires. Collectionné plus que porté, le bijou Art Nouveau suscite une série de réflexions quant à sa conception comme une œuvre d’art à part entière, empreinte des idéaux de l’époque. Cette étude porte sur les bijoux Art Nouveau français et belges au travers de leurs capitales respectives Paris et Bruxelles. Il y sera question du statut ambigu de ses créateurs, entre art et artisanat d’art, reflet de la symbiose des métiers de l’Art Nouveau, de leur diffusion et des liens qui les unissent à la mode de l’époque.