Lien indicible et maison de famille dans l'oeuvre de François Emmanuel

Ce travail a pour objectif d’étudier quatre romans de François Emmanuel – La Passion Savinsen, La chambre voisine, Regarde la vague et Le sommeil de Grâce – à partir de leur dispositif spatial commun, la maison de famille, au cœur duquel s’inscrit la structure familiale. À partir de ce dispositif spatial récurrent, de ces demeures ancestrales hantées par les spectres des membres de la famille qui ont disparu, nous étudierons le lien indicible entre les protagonistes membres d’une même famille au sein de chacun de ces romans. L’indicible qui entoure ce qui relie les membres de la famille les uns aux autres résulte du caractère éminemment problématique de l’héritage et de la transmission intergénérationnelle au sein de ces familles. Nous avons donc voulu étudier ces quatre romans en questionnant le rapport de la question de l’héritage avec le dispositif spatial, le rôle de l’espace dans la transmission familiale. Pour cela, notre travail se divise en trois moments. Dans un premier temps, nous poserons la question de ce qu’est une maison et nous étudierons l’habiter de ces maisons de famille, soulevant la question du Vivre-Ensemble. Ensuite, nous penserons l’espace familial comme un territoire, à l’aide de concepts empruntés à Deleuze et Guattari. Cela nous permettra d’appréhender la question de l’héritage et de mettre en évidence les impasses de la transmission familiale. Enfin, nous interrogerons le rapport entre territoire familial et indicible, ainsi que la manière dont les romans de François Emmanuel s’efforcent de raconter la transmission depuis le cœur de la maison de famille alors que l’indicible ne cesse de faire obstacle.