La souveraineté de l’Etat à l’épreuve des nouvelles menaces militaires : Analyse de l’évolution de la souveraineté face aux changements stratégiques contemporains liés à l’innovation technologique

Une dynamique est à l’œuvre dans le monde contemporain, celle d’une accélération spectaculaire du progrès technologique. En effet, l’innovation technologique est devenue si fascinante pour les humains tant elle offre de promesses, qu’elle représente une composante inéluctable avec laquelle la société ne peut dorénavant plus que s’accommoder. Or, Schumpeter a prévenu depuis longtemps que la création était inséparable de la destruction. Le monde est donc en perpétuelle transformation. Cette situation, transposée à l’échelle du domaine stratégique, engendre un développement de nouvelles menaces militaires de plus en plus complexes et destructrices. Ce mémoire avait donc pour objectif de discerner dans quelle mesure ces nouvelles menaces, issues de ce progrès technologique constant, peuvent impacter la souveraineté des Etats. Dans le contexte d’une scène internationale caractérisée par la recherche de puissance, l’analyse de la souveraineté s’opéra via le concept d’autonomie stratégique dont le niveau d’acquisition de ses composantes indique les marges de manœuvre d’un Etat dans la préservation de ses intérêts. Choisissant de se focaliser sur les pays européens à travers la France et la Belgique, la première étape consista à mettre en lumière les doctrines stratégiques à l’œuvre aujourd’hui, ainsi que la situation politique du continent. Il en a résulté que d’un point de vue militaire, les Occidentaux se réfugient derrière une supériorité technologique et que d’un point de vue politique, les Etats européens ne possèdent d’ores et déjà plus une autonomie stratégique capable d’assurer la préservation de leurs intérêts. Dans le cadre de la seconde étape, il fallut résumer les principales menaces détectées par les experts des services gouvernementaux qui poussent les Etats à modifier leurs conceptions stratégiques. La première constatation est que la course à l’armement et à l’innovation technologique entraîne, dans le chef des Etats, la conception d’armes toujours plus sophistiquées (missiles hypersoniques, armes SALA,…). Dans un deuxième temps, il a pu être mis en évidence que les groupes terroristes transnationaux sont en mesure d’accentuer leur force de frappe en acquérant des technologies au potentiel destructeur. Enfin, les cybermenaces deviennent une problématique majeure tant l’ennemi peut s’incarner dans des formes multiples. Dans un dernier temps, l’analyse des dispositions prises par la France et la Belgique pour lutter contre ces différentes menaces témoigne que les Etats européens ne peuvent penser leur sécurité qu’à travers la coopération. Si cette coopération est davantage un choix dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, les nouvelles armes en cours de développement ne laissent guère d’alternatives à des Etats européens de plus en plus dépassés. Constituer une autonomie stratégique européenne capable de défendre les intérêts vitaux de ces Etats est donc devenue une inévitable priorité. Toutefois, la définition de ses contours est encore en cours d’élaboration.