Socialisation et construction d’identité d’élèves dans quatre établissements contrastés

À travers ce mémoire, nous avons tenté de comprendre le processus de construction identitaire des élèves dans des établissements contrastés. Nous sommes partie du constat que nous sommes confrontés aujourd’hui à une pluralité de cultures, d’identités, de contextes très différents d’un établissement à l’autre. Dès lors, nous nous sommes interrogée sur l’implication que cet état de fait peut avoir sur la socialisation et la construction identitaire des jeunes, sachant que l’école représente une expérience majeure et structurante dans leur vie. Face à ce contexte d’indétermination normative, nous avions suggéré comme hypothèse que les jeunes manifestent en conséquence, des déclinaisons comportementales différentes. Pour certains, cette indétermination normative peut entraîner une perte de repères, tandis que pour d’autres, elle les pousserait à élaborer des stratégies d’intégration et à se construire par la multiplicité de ces contextes. De plus, nous avons veillé à ne pas négliger le fait que cela peut varier assez fort selon le contexte scolaire. Pour répondre à cette problématique, nous avons voulu investiguer la perception que les jeunes ont de leur établissement, les motivations qui les ont conduits à choisir celui-ci et les effets de ce choix sur le jeune. Pour ce faire, nous avons réalisé une enquête qualitative à l’aide de treize entretiens de type semi-directifs, auprès de quatre établissements secondaires contrastés. Nos résultats ont révélé que les jeunes présentent un panorama particulièrement lucide de leur établissement scolaire. De plus, ils témoignent d’une perception consciente de certains aspects qui caractérisent d’autres établissements. Chaque école représente une forme de microcosme qui tend à fabriquer des groupes d’élèves très homogènes. De leur côté, les jeunes ont tendance à s’identifier à leur établissement, à porter des projets qui vont dans le sens de l’école et à réagir en fonction de ce qui leur est proposé comme règlement. Ces postures ont pour effet, auprès des jeunes, de favoriser l’entre-soi. Les jeunes partagent de moins en moins de choses en commun, car ils vivent des réalités différentes. Cependant, ce qui paraît faire sens pour tous les jeunes et qui représente l’aspect surprenant de notre recherche est les activités conviviales. La plupart des élèves vivent leur expérience scolaire comme une forme d’emprisonnement et ces activités conviviales manifestent le besoin de faire une coupure. Elles pourraient constituer pour les jeunes une forme de subversion de la forme scolaire. Notre étude ouvre des perspectives ultérieures de recherche en élargissant l’échantillon et en investiguant les perceptions du personnel éducatif, ceci permettrait de comparer les réponses et les résultats entre ce dernier et les élèves.