Construction et institutionnalisation du mouvement d’économie solidaire bolivien: Un processus ambivalent

En 2006, Evo Morales, anticapitaliste et défenseur du Buen Vivir, devient le premier président indien du continent sud-américain et amène son parti, le MAS (Movimiento Al Socialismo) au pouvoir. Le gouvernement du MAS a porté les revendications de la société civile et des mouvements sociaux dans la sphère publique, créant ainsi une fenêtre d’opportunité unique. Depuis, l’horizon politique, économique, social et culturel de la Bolivie a été bouleversé et une institutionnalisation importante des différentes demandes émanant des acteurs populaires est observée. Parmi ceux-ci, le mouvement d’économie solidaire (ES) bolivien a milité pour la reconnaissance de son secteur, dans le cadre plus large du débat sur l’économie plurielle. Ainsi, ce mémoire s’emploie à analyser la construction du mouvement d’économie solidaire bolivien et l’institutionnalisation de ses revendications par l’État, dans une approche méso. D’une part, l’analyse de la construction du mouvement bolivien d’ES montre que celui-ci est sorti affaibli et fragmenté du proceso de cambio, initié par le gouvernement. Traversé par des tensions internes et soumis à des pressions externes, celui-ci n’est pas parvenu à se structurer en un acteur unique et cohérent. D’autre part, l’analyse de l’institutionnalisation des revendications du mouvement prouve que la reconnaissance du secteur de l’ES par le gouvernement s’est limitée à un niveau rhétorique et discursif, sans réels effets. Ainsi, ce mémoire permet de souligner la complexité du chemin vers l’institutionnalisation des pratiques populaires. Celui-ci est soumis à de nombreux facteurs et constitue, finalement, un processus ambivalent.