Albertine Sarrazin, une écriture de la marge. Analyse de L'Astragale, La Cavale et La Traversière

Ce mémoire constitue une analyse des trois romans autobiographiques d'Albertine Sarrazin - L'Astragale, La Cavale et La Traversière - à travers le concept de marge. Cette auteure française, née en 1937 et décédée en 1967, se distingue dans le champ littéraire français des années 1960, tout d'abord parce qu'elle fait figure de marginale. Abandonnée par ses parents biologiques à Alger, elle est adoptée par un couple de bourgeois, dont elle rejette rapidement le conformisme et la rigidité. Sa jeunesse se résume ensuite par des fugues et par l'internement, par la prostitution et par une vie alternant incarcération et "cavales". L'auteure se caractérise par un rejet des normes, de la discipline, du contrôle, et par un désir d'errance, de déplacement, de liberté absolue. L'œuvre d'Albertine Sarrazin se construit donc à partir de cette position en marge ; l'écriture est alors le reflet d'un perpétuel mouvement centrifuge. Les héroïnes des romans se tiennent à l'écart d'un idéal féminin normé et d'un centre autoritaire représenté par la prison mais aussi par les normes sociales ; leur distance vis-à-vis de la norme se reflète aussi dans un langage revendiquant la marginalité. Ce détachement fondamental de l'œuvre va de pair avec le désir pour les narratrices-héroïnes de s'affirmer en tant que marginales, notamment au moyen de l'écriture, et en dépit d'un manque de reconnaissance faisant écho à la naissance de l'auteure. Finalement, le principe de déplacement, étroitement lié à la position en marge, traverse les trois romans analysés, mettant en valeur le mouvement d'une réappropriation de soi, l'inconstance et le refus d'immobilisme. Il s'agit donc dans ce mémoire de montrer comment, au sein de l'œuvre romanesque d'Albertine Sarrazin, le concept de marge se fait l'allié de l'écriture, structurant les romans dans leur forme mais aussi dans leur contenu.