La socialisation de genre au Bénin, de 1966 à 2016.

La présente recherche porte sur « La socialisation de genre au Bénin, de 1966 à 20016 » et a été menée suivant une démarche hypothético-inductive. Les questions et les hypothèses de recherche ont été élaborées suivant une démarche itérative (théorie-empirie). Les questions sont de savoir : 1) Quels rôles ont joué l’école, la famille et autres instances normatives dans la socialisation des enquêtés au cours de leur âge de minorité c’est-à-dire de 0 à 18 ans ? ; 2) et par rapport à la génération de leurs parents, quelles évolutions note-t-on dans les perceptions (nouvelles) que les enquêtés ont des rapports de genre au Bénin et comment y adaptent-ils leurs méthodes de socialisation ? Partant de là, nous avons formulé deux réponses anticipatives à savoir que : 1) Les modes de socialisation de genre, dans la société béninoise, sont temporellement déterminés autour des valeurs et normes spécifiques. Toutefois, celles-ci peuvent, dans la pratique, être brouillées par des modèles concurrents qui échappent parfois au contrôle des instances formelles de socialisation ; 2) Il en découle que l’acteur socialisé, circulant entre différents lieux de socialisation, construit son identité à partir de normes hybrides, conflictuelles ou non. Dix-huit inspecteurs béninois d’enseignement primaire âgés de 38 ans à 53 ans constituent le groupe de personnes concernées par cette recherche. Des analyses de nos données empiriques, il ressort que : au cours de la période mi 1960 - fin 1980, les filles étaient très peu scolarisées, la société ne jugeait pas leur scolarisation utile en fonction du fait que les filles étaient essentiellement assignées à un rôle reproductif. Au cours de la seconde période de 1990-2016, les perceptions que les enquêtés majoritairement affichées semblent aller dans le sens d’une vision plus dynamique des rapports hommes-femmes et ils adaptent conséquemment leurs modes, approches ou méthodes de socialisation. Les filles seraient massivement scolarisées au cours de cette période. Cependant, de la confrontation de ces données à la littérature au cours de la discussion, on en vient aux conclusions que : si la scolarisation des filles a été effectivement booster à partir des années 1990 grâce aux diverses politiques publiques mises en place et à la mobilisation massives de divers acteurs internationaux et nationaux pour cette cause, la mentalité de la grande majorité de la population n’a pas pour autant changé quant au rôle de la femme au sein de la société béninoise, toujours focalisé sur le rôle reproductif. Ceci fait que les jeunes filles continuent d’être massivement soumises à une régulation sexuelle. Et des nombreuses privations de droits en découlent.