Les mécanismes sous-jacents aux idées délirantes : rôle des émotions négatives et de la diminution des ressources cognitives

Les idées délirantes présentent de plus en plus d’intérêt dans les recherches cliniques suite à leur compréhension à travers un continuum (Freeman, 2006). Cependant, les mécanismes impliqués ne sont pas clairs. De fait, beaucoup d’études postulent l’impact des émotions négatives et des biais du raisonnement cognitif dans le développement et le maintien des idées délirantes (Lincoln et al., 2008 ; Smith et al., 2006 ; Garety & Freeman, 1999). Mais elles ne sont pas au clair sur quelles émotions négatives et quels biais cognitifs sont réellement impliqués. L’objectif de cette étude a donc été d’explorer le rôle spécifique des émotions négatives et plus particulièrement de la peur, et de la diminution des ressources cognitives sur l’élicitation des hallucinations auditives et des idées délirantes de persécution. Un échantillon de 132 participants âgés entre 18 ans et 50 ans et ne présentant aucun diagnostic psychiatrique a été testé. Les participants étaient répartis aléatoirement dans 4 conditions différentes. Après avoir visionné soit un film neutre soit un film d’épouvante, ils devaient réaliser une tâche de mémoire sur l’ordinateur qui présentait deux niveaux c’est-à-dire un niveau facile et un autre difficile. A la fin de la tâche, ils remplissaient différents questionnaires tels que la STAI-T (Spielberger, 1983/ Bruchon-Schweitzer et Paulhan, 1993), la LSAS (Liebowitz, 1987/ Heeren et al., 2011), la PSWQ ( Meyer et al., 1990/ Gana et al. 2002), la CAPS (Bell et al., 2011/ Debbané et al., 2009) et la GPTS (Green et al., 2008/ Dela Libera et al. en préparation). Les résultats de cette étude n’ont pas révélé l’impact de la peur et de la diminution des ressources cognitives sur l’apparition des idées délirantes de persécution. Au contraire, ils vont à l’encontre des recherches précédentes. Ces résultats nous apportent des informations supplémentaires mais ils sont à interpréter avec prudence suite à diverses limites méthodologiques et écologiques suggérées.