Hellin, Nathalie
[UCL]
Engel, Vincent
[UCL]
Georges Perec est connu comme étant un des chef de file du groupe l'Oulipo. Ce que l'on sait moins, c'est qu'il est également la victime collatérale de la Shoah: son père est mort au combat et sa mère a été déportée à Auschwitz. Perec est donc "né troué" (son nom de famille le souligne). Cette absence créera une béance ontologique qui s'accompagnera d'une névrose. En effet, l'auteur affirme dans son livre "W ou le souvenir d'enfance" qu'il n'a "pas de souvenirs d'enfance" puisqu'il les a refoulés. Ce mémoire questionne cette phrase et fait émerger toute une interrogation sur l'indicible en littérature. Comment faire figurer ce qui est de l'ordre de l'impensable ? Pour apaiser sa névrose, Perec a consulté de nombreux psychanalystes (Dolto, M'uzan, Pontalis). Néanmoins, c'est à travers la littérature qu'il tente de renouer avec une identité éclatée. Il nous présente dans "W ou le souvenir d'enfance" une bipartition singulière: la partie autobiographique évoque les embûches d'une mémoire ankylosée ; la partie fictionnelle narre dans un premier temps les aventures de Gaspard Winckler dans la recherche de son homonyme et dans un deuxième temps l'univers fantasmatique sportif de l'île W. Cette partie est en réalité une allégorie du système nazi. Sous couvert de la fiction et de l'autobiographie, l'auteur dénonce les systèmes totalitaires qui dénient l'intégrité humaine afin que les atrocités de la guerre ne se reproduisent plus.


Bibliographic reference |
Hellin, Nathalie. Georges Perec et la fracture ontologique : analyse d'une mémoire déficiente dans W ou le souvenir d'enfance. Faculté de philosophie, arts et lettres, Université catholique de Louvain, 2017. Prom. : Engel, Vincent. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:12226 |