Merveilleux chrétien et doctrine classique dans l’épopée française du milieu du XVIIe siècle : un mariage impossible ? Mise en évidence, par l’étude des poèmes héroïques de J. Chapelain, G. de Scudéry et J. Desmarets de Saint-Sorlin, de quelques mécanismes qui ont vraisemblablement entrainé l’échec de l’épopée

Ce travail se consacre à l’étude de trois poèmes héroïques chrétiens du XVIIe siècle ("La Pucelle ou la France délivrée" de J. Chapelain, "Alaric ou Rome vaincue" de G. de Scudéry et "Esther" de J. Desmarets de Saint-Sorlin). Constatant l’échec retentissant des créations épiques dans les années 1650, nous analyserons à travers ces trois œuvres la relation entre le merveilleux chrétien, principale innovation des épopées historiques à cette époque, et la doctrine classique alors en vigueur, inspirée de l’exemple des Anciens. Trois grandes règles du classicisme baliseront la réflexion en raison de leur influence sur la représentation du merveilleux chrétien par les auteurs et sur sa perception par les lecteurs : l’utilité (au travers de la lecture allégorique), la vraisemblance et la bienséance. Nous ferons ainsi apparaître le conflit entre les valeurs chrétiennes et les valeurs de l’épopée traditionnelle, ainsi qu’entre les préceptes inspirés de l’Antiquité et le merveilleux chrétien, en montrant comment ces tensions ont eu pour conséquence une désaffection du public pour l'épopée dans la seconde moitié du XVIIe siècle.