Cornet, Fanny
[UCL]
Auquier, Bauduin
[UCL]
Hunyadi, Mark
[UCL]
Lors de ce travail, nous avons porté notre intérêt sur deux disciplines différentes à savoir la philosophie et la gestion des ressources humaines. Ces deux parties distinctes nous ont chacune offert l’opportunité de mettre en place une question de recherche et d’y répondre en mobilisant diverses littératures scientifiques. Nous avons tout d'abord mentionné que la philosophie politique a délaissé une dimension poétique et esthétique du gouvernement pour y voir au final un instrument de domination des uns par les autres au sein d’un imaginaire que nous avons qualifié de rationaliste et mécaniciste. Une rupture institutionnelle profonde a alors eu lieu, marquée notamment par des nouvelles formes d’organisation du travail et la révolution numérique, qui affecte la manière dont le gouvernement des hommes est conçu mais également la manière de penser le travail. En effet, depuis maintenant plus de trente ans, l’usage croissant des technologies de l’information et de la communication (TIC) accompagnées des nouvelles pratiques de flexibilité du travail ont fortement contribué à transformer les structures organisationnelles ainsi que les pratiques de gestion et les méthodes de management. A l’heure actuelle, les entreprises et leur management sont donc encouragés à mettre de côté une forme d’organisation traditionnelle et de se diriger vers de nouvelles formes d’organisation du travail, ce qui a pour conséquence l’apparition d’organisations décentralisées, toujours plus réactives et plus souples. Comme nous l’avons compris, le monde dans lequel nous vivons repose à présent sur une représentation chiffrée et déconnectée de toute expérience. La réalisation des objectifs est devenue satisfaction des indicateurs et le calcul gagne en importance, remplaçant peu à peu le rôle de la subjectivité. Afin de s’intéresser de plus près à ces constats, nous avons orienté nos recherches vers deux disciplines chacune accompagnée d’une problématique spécifique. Cependant, ces deux parties peuvent se rejoindre sur certains points étant donné que la gouvernance par les nombres –terme central et omniprésent dans l’œuvre de Supiot- est un concept générique qui englobe en réalité tant le management contemporain à la performance que la planification soviétique qui fut autrefois obnubilée par les chiffres de production à atteindre. Si la philosophie nous permet alors de questionner de manière assez globale le monde dans lequel nous vivons ainsi que l’aspect quantifiable et mesurable qui l’accompagne, la discipline de la gestions des ressources humaines nous a elle permis de nous focaliser sur ce que l’on pourrait appeler une des conséquences de cette gouvernance par les nombres, à savoir les nouvelles formes d’organisation du travail qui s’ensuivent et plus particulièrement le télétravail. D’une part, la partie de ce travail faisant référence à la discipline de la philosophie nous a permis de comprendre comment la société actuelle semble être marquée par un imaginaire cybernétique. Plus concrètement, cela signifie que cet imaginaire porte en lui l’idéal d’une gouvernance par les nombres et est par définition marqué par un usage normatif des nombres susceptible de croître continuellement au fil du temps. A présent, les hommes ne se content donc plus d’agir librement dans le cadre des bornes fixées par la loi mais réagissent en temps réel à la multitude de signaux qui leur parviennent et cela dans le but d’atteindre les objectifs qui leur sont assignés. La mesure des résultats que les travailleurs sont tenus d’atteindre occupe une place primordiale au sein de ce nouveau type de gouvernance et l’évaluation semble alors également devenir un élément central dans le quotidien des travailleurs. En effet, comme nous l’avons mentionné à de multiples reprises, les résultats sont principalement mesurés grâce à des indicateurs chiffrés et les travailleurs sont donc soumis à un contrôle continu. D’une autre part, lors de la partie dédiée au domaine de la gestion des ressources humaines, nous avons souhaité porter notre intérêt sur les nouvelles formes d’organisation du travail et plus particulièrement sur la pratique du télétravail ainsi que sur le potentiel contrôle que l’on associe à tort ou à raison à ce mode managérial. De prime abord, le nouveau monde du travail semble fréquemment être associé à des pratiques de gestion des ressources humaines visant notamment l’implication et la flexibilité du travail, tout en mettant l’accent sur la centralité de la valeur confiance. Cependant, il nous a semblé pertinent de questionner cette valeur confiance, qui peut sembler être directement liée à un certain contrôle imposé aux individus. Les sources de motivation principales dans la mise en place de ces nouvelles formes d’organisation du travail résident bien souvent dans l’accroissement des performances économiques des entreprises. En prêtant une attention particulière à ces motivations économiques, il parait évident que les nouvelles formes d’organisation du travail s’accompagnent de quelques revers. C’est pourquoi nous avons souhaité porter notre attention sur le télétravail et le rôle joué par le contrôle qui semble être bien présent au sein de ce nouveau monde.
Bibliographic reference |
Cornet, Fanny. Les impacts de la révolution numérique sur l'organisation du travail. Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de communication, Université catholique de Louvain, 2017. Prom. : Auquier, Bauduin ; Hunyadi, Mark. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:11858 |