Le citoyen en démocratie : quels fondements pour légitimer l'action politique ?

Le citoyen est la pierre angulaire de la démocratie, mais est-il à la hauteur de son devoir ? La compétence politique dont il doit témoigner est fondée sur des aspects dépassant les capacités d’un point de vue strictement cognitif. L’expérience, la capacité à s’informer et le sentiment de sa propre compétence sont autant d’éléments qui viennent s’adjoindre à l’aspect intellectuel, et qui le développent. La compétence politique du citoyen, vue de manière individuelle, repose donc sur quatre piliers et non un seul. Cette compétence politique se déploie également au niveau collectif. Les études en matière d’intelligence cognitive démontrent que l’intelligence du groupe diversifié est supérieure à l’intelligence d’un groupe composé d’individus semblables. Ce dernier est également supérieur à l’intelligence individuelle. Ainsi, la mesure de la compétence politique du citoyen doit être vue de manière collective, puisque c’est également de cette manière qu’elle s’exerce. Dès lors, l’évaluation d’une telle compétence est extrêmement problématique puisque la somme du tout est supérieure à la somme des parties. La démocratie contient en son sein une composante d’exclusion qui est inhérente à son existence. Depuis la Grèce antique, avec les hommes non-libres, jusqu’il y a peu, avec les femmes, et encore aujourd’hui avec les enfants, voire certaines catégories d’individus, le système démocratique tolère des incompétents. L’histoire nous apprend que ces incompétences sont des constructions contextuelles qui, d’une époque à l’autre, se révèlent absurdes. Peut-on aujourd’hui nier la compétence politique des femmes ? Ainsi, la détermination de l’incompétence politique résulte d’une sélection arbitraire. Pourtant, l’idée de démocratie est liée à la possibilité de prendre part à l’action politique du fait même d’être sous les effets de cette politique. J’opte donc pour une compétence politique naturelle. A la lumière de ce travail, l’idée de compétence politique me semble désuète. La notion d’intelligence politique semble plus rigoureuse. Nous sommes tous dotés d’intelligence, de la même manière que nous participons tous à la société dans laquelle nous vivons et que nous sommes tous liés à ses effets politiques. Ainsi, nous sommes tous compétents politiquement. Si cette intelligence est variable d’un individu à un autre, le phénomène collectif développe cette intelligence pour la rendre plus effective.