Le brouillage du genre et le milieu de la bohème dans les œuvres de George Sand et Colette

Sur base de l’analyse de quatre ouvrages (deux de George Sand et deux de Colette) ayant en commun l’utilisation du milieu de la bohème comme toile de fond de leurs récits, le mémoire subséquent cherche à répondre à l’interrogation suivante : George Sand et Colette utilisent-elles, dans leurs œuvres, le milieu de la bohème afin de problématiser la représentation du genre telle qu’elle existait aux dix-neuvième et vingtième siècles ? Pour ce faire, la réflexion est divisée en trois parties, respectivement relatives à la déconstruction des catégories genrées traditionnelles, aux implications du brouillage de ces catégories et, enfin, aux modalités de réorganisation de ces catégories proposées par les deux auteures. Dans la première partie, le propos consiste à démontrer par quels procédés les deux auteures mettent en scène une déconstruction des images traditionnelles du féminin et du masculin, laquelle résulte en un brouillage du genre. Dans la deuxième partie, ce sont les incidences d’un tel brouillage du genre qui sont étudiées, tant pour les personnages féminins que pour les personnages masculins. Enfin, dans la troisième partie, sont exposées les nouvelles modalités d’organisation du genre présentées par les deux auteures. Dans cette partie finale, l’attention est également portée sur le rôle du milieu bohème dans la mise en scène de ces solutions apportées par les récits. Au terme de ce travail, une réponse est apportée au questionnement initial : George Sand et Colette utilisent effectivement le milieu de la bohème afin de problématiser la représentation du genre telle qu’elle existe aux dix-neuvième et vingtième siècles. En effet, l’exploitation de ce milieu, en ce qu’il constitue un refuge accueillant les personnages relégués en marge d’une société patriarcale qui ne définit le genre qu’en termes de frontières binaires, permet aux deux auteures de procéder à un brouillage des catégories genrées. C’est bien au sein de ce milieu que les récits remettent en cause plusieurs fondements de la représentation patriarcale du genre. Au-delà de cette interrogation des catégories genrées, il ressort de l’analyse du corpus que les deux auteures proposent des reconfigurations de ces catégories. Dans les récits étudiés, elles sont au nombre de trois : la mise en scène de femmes artistes, le saint-simonisme, et l’hermaphrodisme mental.