La fonction paternelle dans les familles homoparentales : les couples d'hommes et le recours à l'adoption

L’homoparentalité gay, de surcroit associée à l’adoption, est une thématique encore peu explorée au sein de la littérature. Elle suscite pourtant de nombreuses questions, notamment d’un point de vue psychanalytique. Parmi ces questions existe celle de l’effectivité de la fonction paternelle, si essentielle à la structuration psychique du petit enfant. Le caractère récent de l’homoparentalité gay, combiné au caractère indispensable de la fonction paternelle pour le psychisme de l’enfant, motive cette recherche à investiguer la thématique suivante : la fonction paternelle au sein des couples homosexuels qui ont adopté. La revue de la littérature souligne combien la définition de la fonction paternelle a évolué depuis Freud. La définition actuelle de cette fonction paternelle s’est étendue à une vision moins patriarcale et moins traditionnelle de la famille. Aujourd’hui, elle est davantage associée au tiers séparateur de la relation fusionnelle mère-enfant, ainsi qu’au phénomène de triangulation. Comment cette fonction paternelle opère-t-elle au sein des familles homoparentales gays? Afin de répondre à cette question de recherche, ce mémoire a procédé à l’analyse qualitative des entretiens de trois couples gays ayant adopté. Il s’agissait dès lors de mener les entretiens et de récolter les données afin de confronter la réalité de ces trois couples à la revue de la littérature. L’analyse qualitative a été menée de façon à confirmer ou à infirmer les hypothèses suivantes : il existerait un partage des rôles au sein de ces couples, tel que l’un endosserait davantage un rôle « maternel » et l’autre un rôle davantage « paternel » ; cette différenciation des rôles supposerait une ouverture à la triangulation ; l’ouverture à la triangulation supposerait l’effectivité de la fonction paternelle. Il s’avère, d’après l’analyse des trois entretiens, qu’il n’existe pas de façon clairement définie un rôle maternel et un rôle paternel au sein de ces trois couples. Cependant, l’analyse qualitative a permis de constater, qu’au sein de deux couples sur trois, une différenciation des rôles existe. Cette différenciation permettrait une ouverture à la triangulation, qui elle-même suppose l’effectivité de la fonction paternelle. Concernant le troisième couple, par prudence, aucune conclusion quant à l’existence d’une différenciation des rôles ne sera prononcée. Il semble pertinent de rappeler que les résultats de cette analyse qualitative ne peuvent être généralisés. Cette analyse détient toutefois ses qualités, notamment celles de la richesse et de la précision des informations qu’elle livre.