Influence de l'observation d'actions motrices langagières sur la production de phrases de patients aphasiques transcorticaux moteurs

L’aphasie transcorticale motrice, occasionnée par des lésions cérébrales dans les aires préfrontales et prémotrices, engendre d’importants troubles de la fluence de la parole qui entravent fortement les capacités communicationnelles des patients atteints. L’efficacité des méthodes thérapeutiques dont les cliniciens disposent actuellement étant assez mitigée, la prise en charge de ces patients requière l’exploration de nouvelles techniques. L’observation d’actions, activité stimulant le système des neurones miroirs et attestée pour faciliter la réalisation subséquente de ces mêmes actions, est un procédé de réhabilitation récent d’abord introduit dans le cadre de troubles moteurs tels que l’hémiplégie et récemment élargi à la sphère langagière. Les thérapies basées sur ce principe donnent des résultats encourageants que nous souhaitions questionner dans le cadre de cette pathologie. Pour ce faire, nous avons testé les productions de 9 sujets sains et deux patients, au moyen d’une tâche d’élicitation de phrases à partir de dessins et de mots écrits inducteurs, enregistrées par un nouvel outil de mesure des mouvements labiaux. Ce dispositif a été employé selon les deux objectifs que nous poursuivions : objectiver les paramètres de production déficitaires chez nos patients et investiguer l’effet potentiel d’une procédure d’observation-imitation des phrases sur ces derniers. Nos prédictions postulaient, qu’avant l’expérimentation, des difficultés apparaissent au niveau des mesures d’initiations, de pauses, du débit, de vitesses et d’apertures. A la suite de notre tâche contrôle, conçue pour ne pas impliquer les neurones miroirs, aucun effet n’était censé apparaître chez nos deux groupes de participants. En revanche, nous attendions, qu’après la tâche expérimentale, proposant un entraînement par observation-imitation des phrases, des effets plus importants chez nos patients que chez les tout-venant qui ne passaient pas cette tâche. Enfin, nos prédictions suggéraient, à l’issue de l’expérimentation, une normalisation des performances des patients. Selon nos données, nos patients ne présentent pas toutes les altérations attendues, notamment en ce qui concerne les mesures d’initiation. Par ailleurs, la réalisation de notre ligne de base à trois reprises n’a pas permis de démontrer l’efficacité spécifique du couplage observation-imitation, d’autant plus que d’importants effets d’entraînement et de fatigabilité parasitent nos résultats. Cependant, l’ébauche d’un bénéfice spécifique pour un de nos patients nous laisse supposer que des résultats plus probants pourraient être obtenus grâce à l’adaptation de certains aspects méthodologiques.